Les translations de la Sainte Maison
Définition du mot translation
Dans le christianisme, la translation (en latin translatio) est le déplacement des restes du corps d'un saint ou d'objets ayant appartenu à ce saint depuis un lieu vers un autre.
La Sainte Maison de Lorette est en quelque sorte une relique, relique imposante puisqu’il s’agit de la Maison où s’est déroulée l'Annonciation.
Cette relique est aujourd’hui conservée dans la Basilique de Loreto en Italie, dans un reliquaire tout aussi imposant qui consiste en une maison de marbre sculptée.
Cette relique a la particularité que les pèlerins y peuvent entrer et s’y recueillir.
Aussi, la Translation de la sainte Maison de Loreto (en italien:Traslazione della Santa Casa di Loreto) désigne le transport de la Maison de la Vierge Marie
depuis son lieu d’origine en terre sainte jusque sur la colline de l’actuelle ville de Loreto, aux bords de la mer adriatique,
au sud de la Ville d’Ancône dans la région italiennes des Marches.
La Translation de la Sainte Maison, École des Carracci, dessin conservé au Louvre. |
La Translation de la Sainte Maison, Probablement de l’école de Vasari, dessin conservé au British Museum. |
Translation la Sainte Maison, Paolo Farinati, Musée du Louvre. |
Notre de Dame de Lorette, Pietro de' Pietri, Musée du Louvre. |
La Translation de la sainte Maison de Lorette, Joseph Heintz le jeune, env. 1650. |
Translation de la sainte Maison, gravure de 1494. |
Par ailleurs, le rayonnement de ce sanctuaire italien est si grand que le calendrier liturgique catholique romain propose une mémoire liturgique pour célébrer
la "Translation de la Sainte Maison de Lorette", le 10 décembre.
Chronologie de la translation
En 1291, les croisés quittaient définitivement la Terre Sainte.
Les armées musulmanes, au fur et à mesure de leur progression, saccageaient tous les monuments sacrés du christianisme.
Pour de nombreux chrétien, la Terre Sainte était perdue; mais en même temps une autre nouvelle vint consoler les âmes chrétiennes:
Le 10 Mai, à la seconde veille de la nuit, le sanctuaire de Nazareth, lieu où la Vierge Marie avait conçu le Verbe fait chair,
avait été déposé non loin des rivages de l’Adriatique, entre Tersatz et Fiume, sur un petit mont appelé Rauniza, en Dalmatie
(1) (Albanie et Croatie actuelles).
Ainsi,au lever de l'aurore, les habitants du pays virent un nouvel édifice qui reposait sur la terre sans fondements, et attestait, par sa forme, une origine étrangère.
Quel pouvait être ce monument?
Pendant que l'on s'interrogeait avec curiosité, Marie apportait Elle-même du Ciel la réponse à l'évêque Alexandre qui, gravement malade, demandait au Ciel sa guérison
pour aller voir le prodige:
"Mon fils, lui dit Marie en lui apparaissant, cette maison est la maison de Nazareth où a été conçu le Fils de Dieu. Ta guérison fera foi du prodige."
L’enquête juridique que l’Évêque Alexandre et deux députés du pays (Sigismond Orsich et Jean Grégoruschi) allèrent faire jusqu’à Nazareth, pour constater sa
translation en Dalmatie, la persuasion universelle des peuples qui venaient la vénérer de toutes parts, semblaient être des preuves incontestables de la vérité du prodige.
Trois ans et sept mois plus tard, la sainte Maison, portée par les mains des Anges, s'éleva de nouveau dans les airs et disparut aux yeux du peuple désolé.
Ceux-ci pensant ne pas y survivre décidèrent de bâtirent sur le même terrain une église consacrée à la Mère de Dieu.
Celle-çi fut desservie depuis par les Franciscains.
Ainsi, le 10 décembre 1294, les habitants de Récanati, en Italie, voyaient sur la montagne voisine de Lorette une maison inconnue, à l'aspect extraordinaire.
On eut bientôt constaté que cette maison était celle de Nazareth, que les habitants de la Dalmatie avaient vue soudain disparaître dans le même temps.
Cette nouvelle translation fit tant de bruit dans la Chrétienté, qu'il vint de presque toute l'Europe une multitude innombrable de pèlerins à Recanati, afin d'honorer la Maison dite depuis de Lorette.
Pour constater de plus en plus la vérité de cet événement, les habitants de la province envoyèrent d'abord en Dalmatie, et ensuite à Nazareth, seize personnes des plus qualifiées, qui firent sur les lieux de nouvelles enquêtes.
Mais Dieu daigna en montrer lui-même la certitude en renouvelant, deux fois coup sur coup, le prodige de la translation dans le territoire même de Recanati.
Car, au bout de huit mois, la forêt de Lorette se trouvant infestée d'assassins qui arrêtaient les pèlerins, la Maison fut transportée à un mille plus avant, et se plaça sur une petite hauteur qui appartenait à deux frères de la famille des Antici ; et enfin ceux-ci ayant pris les armes l'un contre l'autre pour partager les offrandes des pèlerins, la Maison fut transférée, en 1295, dans un endroit peu éloigné, et au milieu du chemin public où elle est restée, et où a été bâtie, depuis, la ville appelée Lorette."
En 1464, Pie II offrit au sanctuaire de Lorette un calice d’or pour avoir été guéri d’une maladie.
En 1470, une bulle de Paul II célèbre à Lorette une statue de la Vierge apportée par les anges dans un édifice fondé miraculeusement.
Deux ans plus tard, Pietro di Giorgio Tolomei, dit Teramano, recteur de l’église de Lorette, raconte, dans une notice, comment la Sainte Maison (Santa Casa) de Nazareth vint à Rauniza puis à Lorette.
Sixte IV déclare Lorette propriété du Saint-Siège. En 1489, le Bienheureux Baptiste Spagnuoli, dit le Mantouan, rédige une nouvelle notice qui reprend celle de Teramano.
Après qu’une bulle de Jules II (1507) a consacré ces pieuses croyances, Erasme compose une Messe pour la Vierge de Lorette (1525) sans pourtant faire allusion au vol de la maison dans les Cieux dont parle le récit que Jérôme Angelita adressa à Clément VII (1531).
Les Carmes furent députés à la garde de la Sainte Maison. Léon X étendit les indulgences des stations apostoliques à Rome au sanctuaire de Lorette.
En 1483, le Cardinal Savelli composa les litanies dites de Lorette dont l’Église fait usage aujourd’hui pour prier la Vierge Marie.
Sixte V, en 1585, éleva Lorette au rang de cité, donna le titre de Cathédrale à son église et y établit un siège épiscopal.
(1) En langue illyrienne, la Dalmatie signifie «Â le pays des bergers ».